RTE affine son bilan prévisionnel 2023-2035
Publié le 04.10.2023
Au début de l’été, RTE a présenté les résultats préliminaires de son travail d’actualisation de l’évolution du système électrique français d’ici 2035. Pour mémoire, le gestionnaire du réseau tablait sur une consommation d’électricité cible comprise entre 580 et 640 TWh en 2035 (voir à ce sujet votre newsletter du mois de juillet) dans son scénario « A » dit « accélération réussie ». Ce scénario est considéré comme « le plus souhaitable » puisqu’il permet d’atteindre les objectifs de décarbonation en 2035, pour viser ensuite la neutralité carbone en 2050.
Place désormais aux résultats détaillés publiés le 20 septembre dernier. Tout d’abord, RTE confirme ses hypothèses de forte augmentation de la consommation d’électricité. Par exemple, dans son scénario A central, la part des logements chauffés à l’électricité atteindrait 60% (contre 37% en 2019), tandis que la part des surfaces tertiaires elles aussi chauffées à l’électricité serait portée à 54% (contre 29% en 2019). Le secteur des transports consommerait 86 TWh d’électricité (contre 13 TWh en 2019). Enfin, le secteur de l’industrie consommerait 160 TWh d’électricité (contre 114 TWh en 2019). L’électrification programmée est donc massive afin d’accompagner la baisse, souhaitée, de consommation d’énergies fossiles.
Dans ce cadre, le gestionnaire de réseau identifie quatre leviers essentiels pour couvrir les besoins électriques :
- la poursuite de l’amélioration de l’efficacité énergétique (meilleure performance des équipements, etc.) amènerait une baisse de 75 TWh minimum (et de 100 TWh si possible)
- des efforts accrus de sobriété énergétique (principalement liées à l’évolution des modes de vie cette fois) génèreraient une baisse de 25 TWh minimum (60 TWh si possible)
- une maximisation de la production nucléaire pour viser 360 TWh minimum (400 TWh si possible)
- un développement accru des énergies renouvelables pour atteindre 270 TWh de production au minimum (320 TWh si possible). Dans le détail, le solaire disposerait de 65 GW installés (16 GW en 2022), l’éolien terrestre de 39 GW (21 GW en 2022) et l’éolien offshore 18 GW (0,5 GW en 2022).
RTE qualifie ces objectifs pour 2035 de « très ambitieux mais atteignables ». Bonne nouvelle, il estime que sous ces hypothèses la sécurité d’approvisionnement du système électrique devrait s’améliorer au cours des prochaines années. Le système électrique aura toutefois besoin de plus de flexibilité avec une cible de 6,5 GW de capacités d’effacement et de modulation de consommation, de 70% de recharge de véhicules électriques pilotés ou de plusieurs GW de capacités de stockage par batteries. Au total, RTE estime que ces flexibilités pourraient réduire le besoin de marge du système électrique d’environ 5 GW.
A celles-ci s’ajoutent, en complément, des flexibilités dites de « sauvegarde » activables uniquement en cas de risque soutenu sur l’équilibre du réseau.
Autre bonne nouvelle, cette électrification élevée des usages devraient se traduire par une économie d’environ 190 milliards d’euros de dépenses consacrées aux énergies fossiles d’ici 2035. En contrepartie, RTE estime qu’il faudrait investir entre 25 et 35 milliards d’euros par an d’ici 2035 pour la production d’électricité et les capacités de production.
Ces éléments prévisionnels devraient être, au moins en partie, repris par les pouvoirs publics dans le cadre de la très attendue loi sur la production d’énergie, initialement prévue pour l’été et désormais repoussée à la fin de l’année. Par ailleurs, cette loi portera également sur la régulation des prix de l’électricité, c’est-à-dire les mesures visant à remplacer l’ARENH qui prendra fin le 31 décembre 2025.