La France est toujours en retard sur ses objectifs dans le domaine des énergies renouvelables
Publié le 06.06.2024
Les pouvoirs publics français ont de nouveau reporté la publication de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui pourrait finalement être adoptée par décret sans passer par un vote de l’Assemblée nationale.
Ce document fixe les objectifs à atteindre pour la production et la consommation d’énergie, en particulier renouvelables.
L’actuelle PPE porte sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028. Point d’étape sur l’atteinte, ou non, des principaux objectifs filière par filière à fin 2023.
L’hydroélectricité est la seule filière de production d’électricité renouvelable à avoir atteint sa cible. Et pour cause, la PPE tablait à fin 2023 sur un maintien de la capacité installée à son niveau historique, à savoir 25,7 GW. Pour la seconde période en revanche, la PPE vise une puissance comprise entre 26,4 et 26,7 GW ce qui suppose de mettre en service de nouvelles installations ou d’augmenter la capacité de production des installations existantes.
Le solaire photovoltaïque a quant à lui manqué de peu sa cible PPE pour 2023 (20,1 GW) avec une puissance installée de 19 GW à fin 2023. Mais surtout, l’actuelle PPE cible une capacité comprise entre 35,1 et 44 GW à fin 2028. De plus, la Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) mise en consultation en novembre dernier prévoit 54 à 60 GW dès 2030 et 75 à 100 GW en 2035. L’atteinte de ces objectifs de moyen et long terme nécessitera donc une accélération sans précédent du développement du solaire photovoltaïque en France au cours de la prochaine décennie.
Pour l’éolien, le tableau est plus sombre. L’éolien terrestre comptait en effet 21,8 GW installés à fin 2023 contre un objectif de 24,1 GW à cette même échéance. Pour 2028, l’objectif cible de l’actuelle PPE est de 33,2 à 34,7 GW mais l’abaissement des objectifs pour l’éolien terrestre semble acté. En effet, la SFEC mise en consultation table sur 33 à 35 GW en 2030 et 40 à 45 GW en 2035.
De son côté, l’éolien offshore disposait seulement de 800 MW installés à fin 2023 contre une cible de 2,4 GW à cette même échéance dans l’actuelle PPE et de 5,2 à 6,2 GW à fin 2028. Les ambitions françaises ont été réhaussées, mais avec un calendrier adapté. La SFEC prévoit ainsi 4 GW en 2030 mais 18 GW en 2035. Les pouvoirs publics français ont évoqué le lancement d’un prochain appel d’offres de 10 GW pour accélérer le développement de la filière.
Plus largement, un critère précis est scruté de près, y compris au-delà de nos frontières : la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. En effet, dans le cadre du Paquet climat européen 2020, la France s’était engagée à atteindre le seuil de 23% en 2020. En 2023, les énergies renouvelables (électricité, chaleur, etc.) ont représenté 22,2% de la consommation finale d’énergie. L’objectif pour 2020 n’est donc toujours pas atteint.
Le Ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, Roland Lescure, vient tout juste d’annoncer que la consultation publique sur la prochaine PPE devrait être lancée le 10 juin prochain.
