L’ouverture du marché de l’électricité, évolution ou révolution ?
Publié le 29.03.2018
Les consommateurs, privés comme professionnels, ont rêvé d’une libéralisation du marché de l’électricité. Elle permet l’apparition de fournisseurs alternatifs et d’une baisse des prix du KWh avec une telle concurrence. On peut cependant penser que l’ouverture du marché de l’électricité n’est pas encore tout à fait consommée. On peut en effet attendre beaucoup de l’évolution des énergies renouvelables et de la mise au point d’un réseau véritablement européen.
Historique de l’ouverture du marché de l’électricité
En une quinzaine d’années seulement le marché de l’électricité en France a opéré une mutation complète de son mode de fonctionnement. Cette mue s’est déroulée en cinq temps forts.
- En l’an 2000, la Loi relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité a été promulguée.
- Elle fut suivie en 2004 par l’ouverture à la concurrence du marché des professionnels (tarifs vert et jaune).
- Ce fut ensuite en 2007 l’ouverture totale à la concurrence (tarif bleu).
- En 2010, la Loi NOME a même ouvert l’accès régulé au nucléaire historique aux fournisseurs alternatifs, une véritable révolution.
- Enfin, en 2015 on a pu assister à la disparition totale des tarifs réglementés vert et jaune. L’ouverture de marché de l’électricité en France est donc devenue totale.
EDF et les fournisseurs alternatifs
En 2014 les clients électricité en France étaient au nombre de 35.589.762. EDF, la compagnie nationale historique comptait pour 88,6% d’entre eux, les entreprises de distribution locales pour 4,3% et les opérateurs alternatifs pour 7,1%. La même année les deux plus grands fournisseurs alternatifs, dont l’un est le produit de la fusion de l’opérateur national GDF avec une grande banque française, représentaient à eux seuls plus de 90% des clients électricité. Petit à petit les autres opérateurs font leur place, mais ils restent moins d’une dizaine. Leur arrivée n’a pas pour autant fait baisser les prix de l’électricité. On assisterait même à une hausse toutefois inférieure à l’inflation. L’opérateur électricité moins cher n’est pas encore totalement perceptible, et ce pour trois raisons principales. Tout d’abord la politique de soutien aux énergies renouvelables pèse pour plus de 10% de la facture d’électricité des ménages français. Elle doit contribuer de façon notable à la réduction de la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique français. Ensuite, le service public est largement rémunéré de son travail. Il conserve en outre tous les avantages sociaux dont il pouvait se prévaloir avant l’ouverture. Enfin, le besoin d’argent de l’État français ne fait pas baisser la facture.
Le symptôme d’une évolution mondiale
La libéralisation du marché européen de l’électricité fait partie d’un basculement mondial des économies nationales vers la libéralisation. C’est déjà le cas des marchés financiers, de celui du marché des télécommunications, de l’aéronautique, et bientôt du transport ferroviaire et des services postaux. Le distributeur électrique national français a vu sa destinée scellée par la directive européenne 96/92 du Parlement européen et de la loi du 29 avril 1999 relative à l’ouverture du marché de l’électricité. Le marché de l’électricité s’ouvre à un rythme bien plus rapide que celui prévu par le calendrier de la Commission européenne. Elle avait pourtant décidé de ne pas le libéraliser en une seule fois. Elle a en fait été prise de vitesse par les évolutions technologiques, la globalisation de l’économie et la saturation des marchés nationaux. Les industries de réseau se sont libéralisées et de nouveaux acteurs privés, peu concernés par la planification de l’ouverture du marché de l’électricité en France. Seul l’avenir nous dira qui sortira en véritable vainqueur de ce changement radical du marché de l’électricité, l’opérateur électricité historique, les opérateurs alternatifs ou leurs clients.