Le prix du CO2 n’en finit plus de s’envoler
Publié le 10.05.2021
Fin avril 2021, le prix du CO2 a fleurté avec la barre symbolique des 50 euros la tonne, un niveau jamais atteint auparavant. Pourtant les émissions couvertes par le système d’échanges de quotas d’émission (European Union - Emissions Trading System ; EU-ETS) ont nettement baissé en 2020 notamment en raison de l’impact de la Covid-19 et de la poursuite de la fermeture de centrales charbon. Eléments d’explication de cette envolée des prix.
Le premier facteur d’explication semble résider dans un élément technique lié à l’organisation du marché. Les installations couvertes par l’EU-ETS doivent restituer les quotas correspondant à leurs émissions de l’année n-1 au plus tard le 30 avril de l’année. Par le passé, certains participants pouvaient utiliser par anticipation (par emprunt) les quotas de l’année en cours pour remplir leur obligation de l’année précédente. Mais cette année, les installations ne peuvent pas utiliser les quotas émis en 2021 pour se conformer à leurs obligations de 2020. L’EU-ETS fonctionne en effet par période (2005-2007, 2008-2012 et 2012-2020) et il s’agit ici d’une fin de période. En conséquence, certains participants ont pu être acheteurs de quotas en ce début d’année, et tout particulièrement durant le mois d’avril, pour se conformer à leur obligation, tirant ainsi les prix à la hausse.
Par ailleurs, les achats de quotas par les Britanniques dans le système européen, en attendant la mise en place prochaine de leur propre système suite au Brexit, ont pu également impacter les prix à la hausse.
Second facteur d’explication : la hausse annoncée des ambitions climatiques européennes. Le 21 avril 2021, les Etats de l’UE et les eurodéputés ont trouvé un accord pour viser une réduction d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’ici 2030 (par rapport à l’année de référence 1990). Le précédent objectif portait sur une baisse de 40% des émissions. Cet accord sera formellement intégré dans une loi climat actuellement en préparation. Il entraînera une révision des règles de la 4ème période (2021-2030) de l’EU-ETS, en toute logique, plus strictes pour les installations couvertes.
Les règles pour cette 4ème période avaient d’ailleurs déjà été durcies. Au cours de la 3ème période, le plafond annuel des émissions des installations baissait chaque année de 1,74% (on parle de facteur linéaire de réduction). Pour la 4ème période, cette baisse a été portée à 2,2% par an. Dans ce contexte, certains acteurs ont pu acheter des quotas (que ce soit pour couvrir partiellement leur obligation ou dans une logique spéculative) en anticipant une future hausse du prix.
Enfin, plus classiquement, ce début d’année a connu des épisodes de froid qui ont entraîné un appel plus important de certains moyens de production d’électricité émetteurs de CO2 (centrales charbon notamment). Les propriétaires de ces installations ont ainsi pu augmenter leurs achats sur l’EU-ETS pour couvrir ce surplus d’émissions.