Pics de consommation électrique : comment la France gère-t-elle ?
Publié le 29.03.2018
L’électricité rythme le quotidien de la vie moderne. Allumer un téléviseur, augmenter la consigne du radiateur électrique, recharger un téléphone, autant de gestes du quotidien devenus instinctifs. À en oublier presque la particularité de l’électricité. Non stockable en grande quantité, elle doit être produite quasiment en temps réel, en s’adaptant à la demande.
Les causes des pics de consommation électrique
La demande en électricité n’est pas constante et dépend de différents facteurs. À l’échelle quotidienne, les pics de consommation ont lieu en début de matinée et de manière plus marquée encore en soirée. L’explication est simple : ces moments sont ceux où le plus de personnes se trouvent chez elles. Le weekend est moins gourmand en énergie, car les industries tournent généralement au ralenti. À cela, s’ajoute la composante climatique responsable de pointes saisonnières. Elles peuvent intervenir en hiver, lors de grands froids (chauffage à plein régime), mais aussi l’été pendant des périodes caniculaires (utilisation des climatiseurs).
Comment les prévisions de pics électriques sont-ils estimés ?
Une des difficultés pour un fournisseur d’électricité est de prévoir les facteurs propices à une surconsommation. Prévoir aide à gérer les pics. Des prévisionnistes d’EDF travaillent à cela quotidiennement. Ils consultent les prévisions météorologiques, comme la température. Cet élément est fondamental puisque l’hiver, la diminution d’environ un degré sur l’ensemble du territoire entraîne une augmentation de la consommation équivalente à la production d’une centrale nucléaire. La nébulosité (couverture nuageuse) est analysée, car elle impacte l’utilisation domestique et professionnelle de l’éclairage. L’activité économique pèse également sur la consommation. À conditions climatiques identiques, les besoins seront différents pour un jour de semaine, un jour férié, une période de vacances… La prévision des besoins inclut les disparités climatiques et la densité de population des régions. Tous ces éléments concourent à une estimation quotidienne des besoins à des fins d’adaptation du réseau de distribution électrique.
Les ressources mises en œuvre pour faire face à un pic de consommation
Lorsque le fragile équilibre entre l’offre et la demande risque d’être rompu, EDF dispose de plusieurs leviers pour maintenir la distribution électrique. De plus en plus, le distributeur électrique historique communique avec la population dans l’objectif d’inciter à l’économie d’électricité : reporter à plus tard l’utilisation d’un appareil électrique ou purement et simplement s’en passer. Des offres commerciales d’effacement de la puissance électrique consommée sont proposées. Elles prévoient une tarification plus élevée pour le client lors des pics de consommation et à l’inverse des prix plus avantageux en dehors de ces moments critiques. Cette pratique tend à baisser la consommation. Cette disposition se décline aussi pour les industries. Elles s’engagent à réduire leur activité voire à la stopper pendant quelques heures en échange d’une contrepartie financière. Au vu de la complexité et du temps nécessaire pour augmenter la production d’électricité d’un réacteur nucléaire (le nucléaire représente environ 75% de l’électricité produite en France), EDF fait appel aux autres types de centrales comme celles produisant de l’électricité renouvelable (éolien, hydraulique…). L’hydraulique avec barrage de retenue est en quelque sorte une « réserve d’électricité » qui n’attend qu’à être utilisée. Autre alternative, les centrales thermiques à flammes, modulables et plus réactives. Malgré toutes les précautions prises, en dernier recours, EDF peut acheter de l’électricité à d’autres pays pour pallier son déficit de production.